Un. Deux. Trois. Et les souvenirs n'étaient plus là.

Il a suffit un simple choc, simplement 3 secondes pour qu'Echo ne se rappelle plus de sa vie passée. Elle avait l'impression de débarquer, comme dans un rêve, ne plus savoir comment être venue, pourquoi être en plein feu de l'action.
Pourtant, son histoire n'est pas très compliquée. Il n'y a pas eu de mort, ni de disparition. Revenons dans le passé.


« Fône ! Fône, je t'attend ! »
Sa soeur l'appelle, elle s'imagine qu'elle dort paisiblement, mais Fône lui prépare une plaisanterie. Elle est allongée à terre, la langue pendante, en essayant de ne pas soulever sa cage thoracique lorsqu'elle respire. Elle ne répond pas, et ferme les yeux. Elle se retient de rire, et se contient de ne pas bouger la queue. Fône attend, patiemment, que sa soeur vienne. Alors que les secondes lui paraissent des heures, le chiot caramel entend les griffes de sa soeur sur le sol dur. Fône sait que Sutton, sa soeur, ne voit pas très bien encore. Il paraît que c'est à cause de la lumière, mais Fône n'est pas dupe, Sutton ne verra sans doute jamais aussi bien qu'elle. Sutton est belle, drôle, et attachante. Mais elle est handicapée par sa vision réduite. Fône patiente encore. Elle retient sa respiration, puis Sutton laisse échapper un petit cri. Sutton commence déjà à se retourner, chercher leur mère, mais Fône lui saute dessus avant qu'elle n'en ai le temps.

« Mais t'es pas bien Fône ! » vocifère sa soeur.

Elle ricane, tandis que Sutton est au bord de la crise de nerf. Ces plaisanteries étaient habituelles, et Fône adorait pousser à bout sa soeur, chose qu'elle réussissait à merveille.


Fône avait l'habitude d'aller jouer avec les louveteaux de la Tanière. En fait, il s'agissait de deux mâles qui sont les fils de l'amie à leur mère. Avoir une amie était rare, et Fône ne savait pas encore quelle chance elle avait. Cette fois, Sutton l'avait accompagné. Elle aussi, voulait faire comme sa soeur et jouer avec d'autre. Cependant, les deux louveteaux ne le virent pas du bon oeil. Une chienne qui avait une vision réduite, idéal pour l'embêter ! Et c'est ce que ces deux petits garnements avaient fait. Bien sûr, Fône s'était interposée. Elle avait même eut sa première blessure, un coup de croc sur l'épaule qu'elle exhiba fièrement auprès de son père et sa mère. Sutton n'alla jamais jouer avec d'autre louveteaux à nouveau.


« Eh ! Fône ! Tu sais ce qu'il y a au dessus? »
« Bien sûr. Il y a des tas de proies, de daims ! C'est lumineux, y'a un truc qui s'appelle Soleil aussi. Il est tout petit, et très haut dans le plafond bleu ! Parfois, y'a même des toiles d'araignées ! Et c'est très grand. On trouve de l'eau claire, et plein d'autre truc à manger ! Moi plus tard, c'est là-bas que je veux vivre ! Mais faudra faire attention, Maman a dit que la lumière fait mal aux yeux, quand on vient d'ici. »
« Waow.. Ça doit être vraiment génial.. »


« Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à être comme les autres ? Pourquoi je n'arrive pas à faire des choix biens ? Hier encore, Maman et Sutton m'ont réprimandé. D'ailleurs, Sutton se permet de jouer le rôle d'une mère, mais elle n'est pas la mienne. Sutton est ma soeur. Je crois qu'elle oublie bien vite que je l'ai toujours protégé. Pourquoi je ne m'habitue pas à la solitude qui tourne en rond ? »

Fône, est perturbée. Elle est seule, car Sutton est toujours avec leur mère. Fône n'a pas envie de grandir, d'avoir des responsabilités, elle veut continuer à jouer à se battre, mais les louveteaux n'ont plus envie de jouer avec une chienne. Fône doute.

« Je commence à croire que je suis différente. C'est toujours moi qui est accusée, c'est toujours moi la fautive. Pourtant, je ne crois pas avoir fait quelque de mal. Je réfléchie sur le moment, je n'ai envie de penser à mon avenir. A quoi bon ? La vie sans surprise, quel intérêt ? C'est le fait de rien contrôler, qui rend la vie excitante. Elle la rend enviable, fragile, existante. Mais mon impulsivité me perdra, selon Sutton. Je ne veux pas encore avoir affaire à sa leçon de morale. Je fais des fautes et ils n'y que les autres qui les voient. Moi je ne comprend pas, et on a beau m'expliquer que c'est mal, je n'ai aucuns regrets, et je ne comprend toujours pas. C'est quoi 'mal' ? Juste un mot inventé pour faire peur aux enfants ? Mais moi je n'ai pas peur. Vraiment pas. »
Fône, est entrain de prendre peu à peu conscience qu'elle est différente. Elle ne sera jamais comme les autres.

La terre tremble, des roches tombent du plafond. Les loups, chiens, sont paniqués. Ils ne savent pas ce qu'il se passe. La Terre semble leur en vouloir, se déchirer. Oui, c'est ça. Elle se déchire. Fône se trouve là, au mauvais moment. Une roche se détache d'une paroi et s'écrase sur la chienne. Elle tombe, sur le sol. Lourdement, comme sans vie. La roche roule, libère la chienne. On peut la distinguer, son corps à terre. Elle ne respire pas. Elle ne bouge pas. Rien.
Un... les autres ne sont déjà plus là...
Deux... personne pour lui venir en aide...
Trois... elle est seule...
Et Fône, oubliera tout. Plus aucuns souvenirs. Elle oubliera même son nom. Là où elle se trouvait. Trois secondes dans le néant, suffisent à lui enlever toute mémoire. Elle ne sait pas qui elle est, où elle est, ni qu'est-ce qu'il s'est passait. Elle ne sait qui est cette louve, qui a prit soin d'elle pendant qu'elle dormait. Car elle s'était réveillée, une paire d'yeux bleus qui l'épiaient.
« Je n'ai entendu que des échos. Tout ce que je disais, tu le répétais. Dans ton sommeil. » avait-elle dit d'une voix douce.
Et la chienne caramel avait répondu :
« Je ne suis plus qu'écho.. »

Et, ensemble, elles avaient décidé de l'appeler Echo, en espérant qu'un jour, elle retrouve la mémoire. Et sache enfin qui elle est.